Application de la Convention :
les Éleveurs déçus par une décision de la Régie

La Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec est revenue sur sa décision, le 12 mars 2020, d’appliquer rétroactivement la nouvelle Convention de mise en marché des porcs au 7 février 2019. La période d’application de la Convention sera donc du 30 avril 2019 au 29 avril 2022 a-t-elle finalement tranché à la suite d’audiences tenues les 29 et 30 août 2019.

Rappelons que ce recours à l’arbitrage avait été demandé par les Éleveurs afin de trancher un litige quant à l’application de la décision rendue par la Régie le 30 avril 2019 à l’égard de la Convention de mise en marché des porcs 2019-2022. Le différend portait essentiellement sur :

  • l’application rétroactive au 7 février 2019 de la Convention;
  • la manière d’appliquer la prime de 2 $/100 kg à l’égard du prix et de la prime sans ractopamine;
  • les conditions de dénonciation des ententes particulières.

D’abord, la Régie n’a pas modifié le fondement de sa décision du 30 avril et, dans ce sens, la nouvelle formule de prix basée sur le prix de la découpe (cut-out) a été maintenue dans son intégralité. Au sujet de la prime, elle précise que les 2 $/100 kg tiennent compte du fait que le porc québécois est un porc sans ractopamine. Enfin, elle a indiqué que les ententes particulières prises dans le cadre de la Convention 2016-2019 doivent être considérées, à partir du 30 avril 2019, comme prises en vertu de la nouvelle Convention.

Les Éleveurs ont entrepris un plan d’action afin de mettre en application cette décision de la Régie qui sera en vigueur pour une durée de trois ans.

Adoption de deux plans d'accompagnement

L’entrée en vigueur de la Convention de mise en marché des porcs 2019-2022 a marqué l’entrée de deux nouvelles dispositions, l’une sur la qualité des porcs, l’autre sur le transport.

Les répercussions
de la COVID-19

COVID-19 : les Éleveurs maintiennent les services

Dès le début de la pandémie, les Éleveurs de porcs ont pris au sérieux les directives émises par les gouvernements et la santé publique. Ils ont déployé une série de mesures favorisant le télétravail et permettant le maintien d’un service de haut niveau malgré la situation d’urgence qui a prévalu à certains moments. La majorité des réunions s’est tenue au moyen de communications à distance. Les assemblées régionales du printemps et l’AGA ont dû être annulées. Les Éleveurs ont entretenu des communications régulières avec les éleveurs, notamment par la production d’un Flash spécial COVID-19, par la création d’une page Web, et par la diffusion de directs du président sur Facebook.

La COVID-19 entraîne les acheteurs et les Éleveurs devant la Régie

Si les conséquences de la COVID-19 ont été très peu perceptibles dans les services offerts par les Éleveurs, elles ont été plus ressenties au chapitre de l’écoulement des porcs et du prix de vente. Les Éleveurs ont dû défendre des aspects de la Convention de la mise en marché des porcs devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec face à des acheteurs qui invoquaient des coûts d’exploitation supplémentaires en raison de la pandémie pour demander la suspension de certaines dispositions de la Convention.

Olymel, appuyée par les autres acheteurs, a interpellé la Régie pour que soient suspendues temporairement l’obligation d’abattre les porcs qui lui sont assignés ainsi que l’application de la formule de prix basée sur la valeur de la carcasse reconstituée, comme inscrite dans la Convention de mise en marché. Les Éleveurs se sont empressés de s’opposer à cette demande, en présentant une proposition globale, qui a inclus une analyse exhaustive de l’évolution des marchés et de la pertinence du maintien des porcs payables selon le prix de la carcasse reconstituée, de même qu’une proposition pour la réduction du nombre de porcs en attente.

Pour un appui à l'investissement adapté au secteur porcin

Malgré un contexte peu favorable engendré par la guerre commerciale et par la fermeture du marché chinois à la viande canadienne, les éleveurs poursuivaient malgré tout l’ambition de consolider l’apport de leur entreprise agricole pour l’avenir.

Les Éleveurs ont ainsi fait plusieurs représentations auprès des acteurs politiques pour les inciter à envoyer un signal clair à la filière afin de relancer l’investissement au sein de la production porcine.

L’importance d’agir pour susciter une reprise des investissements a pu être entendue par le MAPAQ et, en particulier, par le ministre Lamontagne. Ces représentations ont mené à la mise en place du Comité de travail pour relancer l’investissement dans la production porcine, qui a rassemblé l’ensemble des partenaires de la filière.

Une analyse du portrait actuel observé dans la production et dans la filière porcine québécoise a d’ailleurs été réalisée par MCE conseil, à la demande de la filière, et présentée au MAPAQ. Pour lire le rapport, cliquez ici.

Le MAPAQ a pour sa part mandaté une autre firme afin de compléter l’analyse de MCE. Au moment d’écrire ces lignes, le rapport n’a toujours pas été déposé. À la suite de sa publication, la filière porcine, en collaboration avec le MAPAQ, pourra planifier la suite des travaux du comité.

Sécurité
du revenu

Dans le cadre des travaux ayant mené à l’adoption, en décembre 2018, du nouveau modèle du coût de production sur lequel s’appuie l’application de l’ASRA, les Éleveurs ont identifié quelques éléments qui, s’ils étaient retenus par La Financière agricole du Québec (FADQ), permettraient d’améliorer la couverture du Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA).

En réponse à des représentations des Éleveurs, en août 2018, La Financière agricole du Québec a mandaté le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA) d’estimer, sur différents coefficients techniques, l’impact de la canicule de l’été 2018. Le rapport du CECPA a été déposé à l’automne 2019. À la lumière des conclusions du CECPA, La Financière agricole a convenu de réviser à la hausse le revenu stabilisé de l’année 2018 afin de tenir compte des charges supplémentaires résultant de l’augmentation du taux de mortalité des truies. Les ajustements de 0,21 $ / 100 kg et de 2,51 $ / truie se sont ajoutés aux compensations versées pour l’année 2019.

Pour 2018, l’étude du coût de production des Éleveurs a porté sur les entreprises de type naisseur avec vente au sevrage et sur les entreprises de type finisseur. Dans ces deux groupes, on dénombre respectivement 11 entreprises qui participent à l’étude depuis 2012. La moitié des participants est de la région de Chaudière-Appalaches.

Les résultats techniques des naisseurs indiquent que la productivité par truie est restée quasiment stable depuis 2012. Elle varie autour de 24 porcelets vendus au poids de 6,4 kg. À noter que le même constat du plafonnement de la productivité des truies était relevé chez les naisseurs-finisseurs dans l’étude de 2017. Cette situation n’est pas étrangère entre autres choses à une légère augmentation de la mortalité des truies et aux épisodes de maladie. Chez les finisseurs, on enregistre une progression du poids des carcasses des porcs (entre 2016 et 2018) qui permet relativement d’optimiser le coût des porcelets et le coût de l’alimentation.

Sur le plan financier, les naisseurs et les finisseurs ont connu un recul du bénéfice d’exploitation global ainsi que du bénéfice net entre 2016 et 2018. Très peu d’entreprises (groupe de tête) sortent à peine du lot. Des efforts ont été consentis pour effectuer des remboursements en capital, mais les entreprises n’ont pas eu de ressources suffisantes pour entretenir leurs bâtiments et pour faire des investissements conséquents (BEA, augmentation des places-porcs, etc.). En gros, l’année 2018 a été caractérisée par un resserrement des liquidités par la chute des prix entraînée par l’escalade des tensions commerciales. À noter que l’intervention du Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles n’a pas embelli ce portrait.

Le rapport intégral ainsi qu’une fiche synthèse de l’étude du coût de production en 2018 sont publiés sur le site Internet des Éleveurs.

Reprise du SGRM et ajustements des limites d’utilisation

La forte volatilité des marchés a contraint les Éleveurs à suspendre temporairement la prise de contrat à livraison différée au printemps 2019.

Pour permettre la reprise des activités, différentes mesures ont été mises en place. Des modifications ont notamment été appliquées au Règlement sur la mise en marché de façon à diminuer les limites d’utilisation et à augmenter les frais de la prise de CLD.

image de

Plan de développement
du SGRM

Les Éleveurs ont consolidé leur plan de développement du SGRM avec la volonté d’offrir un accès aux marchés à terme à l’ensemble de ses membres, non seulement pour les porcs à l’engraissement, mais aussi pour l’élevage des porcelets, à l’aide d’un service flexible et convivial.

Audiences devant la Régie

Des demandes de modifications ont été soumises à la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec. Ces modifications permettront notamment de transiger des contrats à livraisons différées (CLD) en devise américaine, de fixer les frais en fonction de l’échéance du contrat, de reprendre des CLD sur les mêmes porcs et permettront de sécuriser un prix de vente pour les porcelets. Les Éleveurs sont dans l’attente de la décision de la Régie des marchés.

Offrir le SGRM aux naisseurs

À l’heure actuelle, le Service de gestion du risque du marché (SGRM) est accessible uniquement aux producteurs de porcs d’engraissement. Cependant, les Éleveurs travaillent actuellement à concevoir des outils informatiques qui permettront aux éleveurs de porcelets d’utiliser le SGRM. L’échéance pour la réalisation de ce projet est le 1er octobre 2020.